L' « Histoire des provinces de France » n'est pas de ces collections qui tournent court : livre après livre la belle entreprise des éditions Privât, sous la direction générale de Philippe Wolf, se poursuit à un rythme très satisfaisant pour une œuvre dont on devine les difficultés de tous ordres. Après une série de volumes consacrés à des provinces périphériques, dont les caractères originaux se marquent fortement dans leur histoire, après une histoire de l'Ile-de-France inséparable de celle de Paris, Y Histoire des Pays de la Loire nous invite à pénétrer, en remontant le « fleuve royal », au cœur même de l'ancienne France. Le découpage actuel de la région des pays de la Loire qui, à dire vrai, ne doit rien à l'histoire, suffirait à prouver la difficulté de limiter un ensemble dont aucun centre majeur de première importance ne vient assurer l'unité. Quatre provinces ù Orléanais, Touraine, Anjou, Maine ù se trouvent ici décrites, en suivant le plan chronologique habituel de la collection, par une pléiade de collaborateurs eux-mêmes issus des divers horizons ligériens. M. Gruet et J. Siraudeau, respectivement correspondants départementaux des Directions des Antiquités préhistoriques et historiques dans le Maine-et-Loire, se sont partagés les périodes anciennes. J.-M. Bienvenu dépeint en trois chapitres successifs la majeure partie de l'époque médiévale, tandis qu'en 70 pages heureusement confiées à la même plume, M. Le Mené unit, par-delà les stériles coupures habituelles, l'histoire de la fin du Moyen Age et celle du xvie siècle, moment où la Loire eut, plus qu'à toute autre époque, une importance nationale. Il revenait tout naturellement à F. Lebrun, par sa remarquable thèse sur Les hommes et la mort en Anjou aux XVIIe et XVIIIe siècles, de traiter les deux siècles classiques de l'époque moderne, et à P. Bois, dont les Paysans de l'Ouest sont désormais un modèle de méthode historique, de nous mener de la veille de la Révolution au milieu du xixe siècle. P. Wagret enfin, dans un dernier chapitre qui demandait à son auteur l'expérience du géographe aussi bien que celle de l'historien, nous décrit la destinée récente de ces quatre provinces. Au total Tourangeaux, Angevins, Manceaux et Nantais ont uni leurs compétences en faisant preuve, sous la direction de F. Lebrun, d'un fructueux esprit de collaboration qu'on aimerait voir se généraliser.
Il n'est jamais facile de rendre compte d'un ouvrage qui couvre deux bons millénaires d'histoire; il est vrai que chacun des auteurs a su, dans sa propre spécialité, mettre à la portée du lecteur profane à la fois les éléments fondamentaux et les acquisitions les plus récentes de l'histoire régionale. Des bibliographies sobrement critiques invitent d'ailleurs à l'approfondissement et constituent une précieuse recension